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Hiver 2012 - 2013
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LIÈGE
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de moulages de crânes qui donnent un aperçu saisissant de
l’évolution physique des hominidés jusqu’à l’espèce homo.
On sait que cette espèce, surtout lorsqu’elle devint sapiens sa-
piens aux alentours de - 30 000, s’est très tôt adonnée à l’art.
Pas de peintures pariétales cependant en Belgique comme
celles d’Altamira en Espagne et de Lascaux en France, mais
des créations qui, pour être plus modestes, n’en témoignent
pas moins d’un savoir-faire raffné. Le Musée présente certains
de ces documents mobiliers retrouvés dans nos régions. Ceux-
ci, par exemple : pendeloques de Spy, datant de la phase la
plus ancienne du Paléolithique supérieur ; plaquette de grès
fragmentaire de Chaleux, portant la gravure partielle d’une tête
et d’une patte de boviné, remontant à une phase plus récente
de la même époque ; lamelle osseuse décorée de traits fns
transversaux sur une face et de traits transversaux et lon-
gitudinaux sur l’autre, œuvre de la fn de la même période
préhistorique trouvée dans une grotte de Remouchamps. Ce
sont là des traces constituant un refet des concepts artis-
tiques et religieux de nos lointains ancêtres, susceptibles à
coup sûr d’intéresser les historiens de l’art et captivant depuis
toujours le Pr Otte qui aime – selon ses propres dires – à
« injecter de la pensée dans les données archéologiques »*.
Un matériel vivant
« Avec un tel ensemble muséal, les étudiants en histoire de l’art
et archéologie sont mis directement en présence de leur objet
d’étude, complément indispensable aux cours théoriques », ob-
serve ce professeur qui n’a, on l’aura compris, rien d’un cher-
cheur en chambre. Il se plaît d’ailleurs à aller avec eux sur le
terrain, et, à leur retour, il les amène – dans un laboratoire pré-
vu ad hoc – à laver puis à traiter et analyser avec soin ce qui a
été minutieusement récolté. Plusieurs outils pédagogiques sont
ainsi mis à la disposition de ces archéologues en herbe, lesquels
font un stage dès leur première année et chez qui les divers
travaux pratiques constituent une formation des plus solides.
Les collections du service de préhistoire et du Centre inter-
disciplinaire de recherches archéologiques présentent d’autres
intérêts, de taille eux aussi. Elles donnent d’abord la possibi-
lité à certains objets d’être prêtés pour des expositions tem-
poraires. Elles sont ensuite accessibles aux chercheurs, du
pays et d’au-delà de nos frontières, désireux de les étudier
dans une perspective comparative. Enfn, elles sont ouvertes
au public sur rendez-vous, le vendredi essentiellement. A ce
jour, nombreux sont les groupes scolaires de l’enseignement
primaire et secondaire qui ont déjà visité le Musée, dans le
cadre du cours d’histoire dispensé dans leur établissement.
La visite est alors agrémentée, en plus de panneaux expli-
catifs, de supports audiovisuels (diapositives et vidéos) et
peut bénéfcier d’un animateur du Préhistosite de Ramioul.
« Nous sommes en réseau avec cette institution originale et
vivante. Nous le sommes également avec l’Association scienti-
fque liégeoise pour la recherche archéologique, laquelle com-
prend aussi bien des amateurs que des étudiants, se réunit
une fois par mois et édite un bulletin chaque année », conclut
Marcel Otte. Preuve que le Musée dont il a la charge avec son
équipe est une plaque tournante pour tous ceux que la Pré-
histoire intéresse. Pas de tour d’ivoire donc pour elle à l’uni-
versité de Liège, mais au contraire un sous-sol accueillant.
Henri Deleersnijder
* Voir à ce propos son dernier ouvrage intitulé A l’aube
spirituelle de l’humanité. Une approche de la Préhistoire,
Odile Jacob, Paris, septembre 2012.