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LIÈGE
U
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Printemps 2013
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Au F I L DES PAGES
Au service des hommes
M
ercredi matin. Après avoir déposé le petit dernier à la
crèche et laissé l’aîné à la maison avec une gardienne
d’enfants malades, il est temps de rejoindre le boulot.
Au planning de ce jour, notamment, la réunion avec l’organisme
d’insertion professionnelle, en vue de l’arrivée de stagiaires.
Midi. Un saut à la mutuelle pour y déposer des attestations de
visite chez le médecin, puis arrêt à la coopérative où sont ven-
dus fruits et légumes produits localement. Ne pas oublier ce
coup de téléphone à l’association qui organise des stages du-
rant les vacances scolaires. Retour à la maison, avec un détour
par la bibliothèque associative du quartier, histoire d’emporter
quelques histoires que la baby-sitter pourra raconter aux têtes
blondes avant d’aller dormir. Car ce soir, pause détente au
théâtre avec des amis…
Quelles réalités derrière ce terme ?
« L’économie sociale trouve sa plus grande concrétisation dans
le secteur associatif, qui recouvre une multitude de domaines,
avec environ 400 000 emplois, soit 10 à 12 % des postes
salariés de Belgique », souligne Jacques Defourny, fondateur
et directeur du Centre d’économie sociale (CES) de HEC-ULg
qui fête cette année ses 20 ans d’existence. Ces associations,
bénéficiant en Belgique d’un statut très flexible, sont actives
dans des domaines aussi variés que la santé, le sport et les
loisirs, la culture, l’aide au développement (ONG), la formation
ou de multiples services aux personnes.
En deuxième lieu arrivent les coopératives, à l’origine liées au
monde rural (criées aux fruits et légumes, laiteries, etc.) ou au
monde ouvrier qui cherchait un meilleur accès à certains biens
et services (magasins, pharmacies et banques coopératives,
etc.). « On voit aujourd’hui émerger des coopératives dans des
secteurs originaux et nouveaux, comme le commerce équi-
table, la production d’énergie verte, la récupération et le recy-
clage », pointe Benjamin Huybrechts, chargé de cours en éco-
nomie sociale, qui évoque l’exemple, emblématique en région
liégeoise, du groupe Terre.
Viennent ensuite les mutualités, pionnières de l’assurance
santé. A l’heure actuelle, elles complètent leur offre avec des
soins à domicile et des services liés au bien-être et à la qua-
lité de vie des utilisateurs. Depuis une dizaine d’années appa-
raissent aussi des sociétés commerciales à finalité sociale, où
le profit ne constitue pas le moteur premier. « Une révolution
dans le droit commercial », sourit Jacques Defourny, qui en
dénombre environ 500 en Belgique.
Les fondations d’utilité publique complètent le tableau. Axées
sur la philanthropie, elles organisent et canalisent des dons
pour soutenir des initiatives, souvent associatives, dans des
domaines comme la préservation de l’environnement, la
culture, la recherche médicale, des services à des personnes
défavorisées, etc. « Liées à la bienfaisance, elles ont une
connotation plutôt anglo-saxonne car elles sont partout aux
Etats-Unis, mais elles se multiplient chez nous, explique le di-
recteur du CES. Face aux inégalités croissantes, il s’agit, pour
les gens fortunés, d’une forme de redistribution volontaire. »
Les pièges et les défis
L’économie sociale, on le voit, est indispensable et omnipré-
sente. Elle se distingue des pures logiques de marché en ce
qu’elle s’appuie sur des ressources mixtes : ressources mar-
chandes, volontariat et subsides publics. Avec, en toile de
fond, cette idée de finalité de service et non de profit, tout en
visant un équilibre financier. Le secteur cependant, et particu-
lièrement en Wallonie, souffre parfois d’une vision biaisée qui
L’économie sociale : le troisième secteur prend sa place
Derrière cette journée banale, un constat : l’économie sociale
est partout, présente dans 1001 détails de la vie quotidienne,
logée dans une foule d’initiatives “pleines de sens”. Une éco-
nomie “différente” qui, s’il elle peut passer inaperçue tant elle
s’intègre dans le système, mérite qu’on s’y attarde.
Définie comme le “troisième secteur”, largement distincte des
secteurs public et privé à but lucratif, l’économie sociale re-
présente “les activités économiques productrices de biens ou
de services, exercées par des sociétés principalement coopé-
ratives et/ou à finalité sociale, des associations, des mutuelles
ou des fondations, dont l’éthique se traduit par un ensemble de
principes : finalité de service à la collectivité ou aux membres
plutôt que finalité de profit, autonomie de gestion, processus
de décision démocratique et primauté des personnes et du
travail sur le capital dans la répartition des revenus”.
Dans les régions industrialisées, l’économie sociale repré-
sente entre 5 et 15 % de l’emploi. En Belgique, ce secteur ras-
semble quelque 450 000 emplois salariés, auxquels s’ajoute
le non-négligeable million de bénévoles.
L’exemple par excellence des coopératives sociales :
la criée aux fraises de Wépion