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LIÈGE
U
l
Printemps 2013
P
ennes, toges, calottes, oripeaux,
petite mousse à main… Affu-
blés de tous les accessoires du
parfait étudiant-guindailleur, ils ne dis-
tinguent guère des autres tapageurs
dans le défilé un peu carnavalesque
qui conduit chaque année les “passa-
gers” des universités et hautes écoles
à travers les rues de Liège. Pourtant,
à y regarder de plus près, ils ont 30
ans et certains d’entre eux ont même
déjà bien dépassé la quarantaine.
Le folklore, une histoire de vieux ?
Depuis 2009, un groupuscule d’anciens
étudiants, déterminés à ne pas tirer un
trait sur les années bénies de la cama-
raderie et du folklore, noyaute le tra-
ditionnel cortège de la Saint-Torè en
toisant, du haut de leur bus – souvent
impérial –, la légion de tabliers blancs
qui les suivent. La plupart d’entre eux
ont été jadis impliqués dans les comités
>
Le s ETUD I ANTS
Des anciens dans le cortège de la Saint-Torè
Heureusement, ces derniers gèrent
l’héritage. Pour cette année académique
2012-2013, l’Agel recense environ 800
baptisés et attendait un peu plus de
4000 personnes pour les trois soirées
sous chapiteau, les trois jours que dure
la Saint-Torè. « Les anciens sont, il est
vrai, les ardents défenseurs d’un certain
folklore. Il y a tellement de monde 3000
personnes au total l’an passé, ndlr qu’ils
ne gênent pas… et les participants se
regroupent naturellement autour du
char du comité qu’ils connaissent. Cela
dit, en occupant la tête du cortège, leur
bus est un tampon idéal entre la police
et nous. Et puis, certains d’entre eux
œuvrent également à la construction
d’une salle de guindaille », souligne Ju-
lien Denoël, l’actuel président de l’Agel.
C’était mieux avant ?
Oui, mais pour quel folklore, en fin de
compte ? Si beaucoup de “vieux” se
plaignent de la disparition des chants
– hormis dans certaines Facultés
comme celle de Philosophie et Lettres
–, phagocytés par la musique des haut-
parleurs, Philippe Devos (39 ans), ins-
tigateur du premier “char des vieux”
et médecin anesthésiste diplômé de
Liège observe le présent d’un bon œil :
« Forcément, c’était toujours mieux
avant ! Mais je constate que, depuis
deux ou trois ans, les étudiants sont
bien. On dénombre moins de comas
éthyliques et l’ambiance est celle de
réunions entre amis. Tous les 15 ou 20
ans, le folklore change. Et leur folklore
à eux, c’est aussi les garden-party en
plein air comme celle de HEC-ULg ou
les 4h trottis. Un peu à l’américaine.
L’on boit moins et l’on vomit moins
que lorsque j’étais jeune. Mais finale-
ment, comme nous, ils s’épanouissent,
déchargent la pression des études et
conservent les valeurs d’amitié et de
soutien mutuel. La façon de se les trans-
mettre a simplement un peu changé. »
Fabrice Terlonge
Etudiant un jour, étudiant toujours
de baptême ou les ordres estudiantins,
ont occupé une fonction au sein de l’As-
sociation générale des étudiants liégeois
(Agel) ou bichonnent toujours leur em-
preinte dans les associations qui aident
les étudiants à faire perdurer le folklore
dans de bonnes conditions (MEL, Plate-
forme étudiante, etc.). « On prend une
après-midi de congé pour aller s’amuser
comme quand on était jeunes, avec ceux
de quand on était jeunes », résume Valé-
rie Lux, dans une formulation joyeuse.
Cette maman de 39 ans, assistante
dans une importante société intercom-
munale, a été baptisée en 1993, alors
qu’elle effectuait ses années de can-
didature à la faculté de Psychologie.
Pour la cinquième année consécutive,
et à l’occasion des 30 ans du renou-
veau de la Saint-Torè, leur bus impérial
a ouvert le cortège du 19 mars sous le
nom ciselé de “Gériatric Tour” avec une
centaine d’anciens. « L’an passé, on
recensait un couple, baptisé en 1976 –
je n’étais même pas née – et un mon-
sieur qui l’a été en 1974. Ils étaient
réinscrits pour cette édition ! », se féli-
cite Sabrina Delhalle, oto-rhino-laryn-
gologue de 34 ans, diplômée de l’ULg.
Si elle semble avoir pris aujourd’hui, la
greffe n’a pas forcément été bien accep-
tée dès la première année où les vrais
étudiants, détenteurs putatifs du folklore
éponyme, assassinaient les vieux spa-
dassins de leurs remarques moqueuses.
Car la Saint-Torè est le point d’orgue
de sept semaines de “Saints” dédiées,
sous le chapiteau du Val-Benoit, à la
pluralité des Facultés et autres grou-
pements d’étudiants qui se couchent
très tard : Saint-Hippocrate (Médecine),
Saint-Mercure (HEC-ULg), Saint-Rut
(Sciences), Saint-Philo… Et en bonus,
rebelote ! La Saint-Papy, chapeautée par
Quentin le Bussy, ancien président de
l’Agel et également diplômé en histoire
de notre Alma mater, s’y est ajoutée au
calendrier comme une autre intrusion
de “vieux” dans le bon déroulement
des festivités des étudiants statutaires.
La statue de Léon Mignon un rendez-vous
incontournable lors des guindailles