Page 7 - LiegeU#14internet reduit

This is a SEO version of LiegeU#14internet reduit. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »
Hiver 2012 - 2013
l
LIÈGE
U
l
7
L’alimentation capitalise 30%
de risques de provoquer des
maladies cardiovasculaires
O
bésité, risques de maladies cardiovasculaires, carences, résidus
toxiques… Si manger nous permet de vivre, cela participe aussi, para-
doxalement, à nous tuer. Liège U a interrogé quelques spécialistes des
relations tumultueuses entre alimentation et santé. Des spécialistes qui rêvent
tous, de donner un autre visage à l’alimentation.
Chacun a rendez-vous avec elle trois fois par jour,
au moins. Elle est répétitive et pourtant à chaque
fois différente. Elle est source de plaisir, de dégoût,
d’étonnement. De culpabilité, parfois, si l’on a
l’impression d’en avoir trop abusé. Elle nous est
indispensable : aussi pointue soit la science, elle
n’a jamais permis à personne de s’en passer. Tantôt
synonyme de fête (les réveillons qui approchent
ne nous contrediront pas), tantôt de privations (les
promesses de régimes qui s’en suivent habituellement
non plus), elle est bienfaisante tout en étant nuisible…
Rien de plus simple et de plus complexe que
l’alimentation. Un mot, un geste, un réfexe, un
besoin vital vieux comme le monde mais dont les
enjeux ne cessent d’évoluer. Alors que la nourriture
était, du temps de nos lointains ancêtres, une denrée
rare qui ne s’obtenait qu’au prix d’un certain effort,
elle est aujourd’hui devenue un produit économique,
exploitable massivement, modifable et modifé,
cruellement absent dans certaines contrées et
surabondant sous nos latitudes. 89 millions de tonnes
d’aliments seraient gaspillés chaque année
dans l’Union européenne. 42% de cette
gabegie seraient causés par les ménages
eux-mêmes
1
. En Wallonie, chaque
citoyen gâcherait annuellement entre 15
et 20 kilos de nourriture
2
.
Pendant ce temps-là, le taux de surcharge pondérale
se porte bien, merci ! En Wallonie, 33% des habitants
seraient en situation de surpoids, tandis que 18%
souffriraient d’obésité. « Cela signife qu’une personne
sur deux que l’on croise en rue est concernée par des
problèmes de poids », souligne Michèle Guillaume,
chargée de cours au sein du département des sciences
de la santépubliquede l’ULg et promotricede l’enquête
“Nutrition – environnement – santé cardiovasculaire”
(Nescav), un vaste projet de recherche sur les facteurs
de risques cardiovasculaires mené simultanément
en Wallonie, au Grand-Duché de Luxembourg, en
Lorraine française et dans la région de la Sarre en
Allemagne.
Pendant trois ans et demi accompagnée par Philippe
Kolh, directeur du Sime-CHU, chargé de cours
au département des sciences biomédicales et
précliniques, Michèle Guillaume a passé au crible les
facteurs pouvant conduire à un risque cardiovasculaire.
En première ligne : l’alimentation, qui capitaliserait à
elle seule 30% de risques de provoquer ces maladies
qui, malgré les progrès de la médecine, continuent
d’être responsables de 30% de la mortalité totale, soit
la première cause de décès dans le monde. « 1000
personnes ont participé à cette étude en province
de Liège, se réjouit-elle. L’objectif était d’effectuer
une photographie de la santé de la population. » Ces
1000 personnes ont donc accepté de se soumettre
à un bilan de santé complet : prise de sang, analyse
d’urine, prélèvement d’une mèche de cheveux,
tension artérielle, mesurage, pesée, réponse à un
questionnaire.
Pyramide difforme
Verdict ? On est foutu, on mange trop ? On mange
mal, plutôt. Michèle Guillaume a comparé la pyramide
alimentaire actuellement recommandée à la pyramide
alimentaire réelle du groupe étudié.
Bonne nouvelle : les cinq portions de
fruits et légumes quotidiennement
préconisées semblent majoritairement
respectées, voire dépassées. Pour le
reste, les résultats se révèlent nettement
moins réjouissants : en règle générale,
le Wallon ne boit pas assez de boissons non sucrées
(mais légèrement trop de boissons alcoolisées), ne
consomme pas assez de féculents (seuls 17% se
conforment aux recommandations en la matière), mais
mange trop de viandes et charcuteries. Sans parler
des trop nombreuses matières grasses ingérées et des
“temps en temps”, fameux extras gras et sucrés/salés
qu’il est recommandé de limiter mais qui seraient
en réalité grignotés 2,8 fois par jour… En résumé,
« environ 60% de la population ne respectent pas les
recommandations nutritionnelles ».
Une analyse plus fne démontre ensuite que moins de
20% des Wallons se conforment aux recommandations
en matière de lipides, glucides et sucres simples. Pour
le cholestérol, cette proportion atteint presque les 50%.
Une note positive cependant : la dose de magnésium
et de vitamines C et E est suffsante dans 80% des cas.
Ouf, l’honneur est sauf !
1
Rapport de la Commission européenne,
www.europarl.europa.eu
-
2
Etude du Crioc réalisée en 2010.