Page 32 - Liege U 13

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LIÈGE
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Automne 2012
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Au F I L DES PAGES
Entre mer et terre
S
ur les bords de Meuse à Liège, rive droite, l’Institut de
zoologie dresse sa façade néoclassique sur le quai
Van Beneden. Sous le fronton central, d’imposants
escaliers mènent les étudiants au grand amphithéâtre, les
autres visiteurs à la Maison de la science. Ou à l’Aqua-
rium-Muséum. Le binôme muséal, inauguré le 12 novembre
1962 par le recteur Marcel Dubuisson, alors titulaire de la
chaire de zoologie, fête cette année son 50
e
anniversaire.
Christian Michel, conservateur assisté de Sonia Wanson, direc-
trice-adjointe, en parlent avec la même passion. « L’Aquarium-
Muséum est né de la volonté du recteur Dubuisson de se tour-
ner vers notre milieu originel, l’océan. Et de mettre à la portée
de tous la beauté du monde aquatique et ainsi de valoriser les
collections de sciences naturelles, accumulées depuis la créa-
tion de l’Université en 1817 », raconte la biologiste, incollable
sur l’historique de l’Institut. Dès ses débuts, le duo Aquarium-
Muséum remplit une triple mission : soutenir la recherche
scientifque, illustrer les enseignements universitaires, diffu-
ser les connaissances zoologiques par son ouverture à tous
les publics. « Une ouverture bien loin d’un élitisme souvent
de mise jadis où les initiés ne s’adressaient qu’aux initiés »,
insiste de son côté Christian Michel qui comme Sonia Wan-
son, fréquente l’institution depuis le milieu des années 1970.
C’était, pour l’un et l’autre, le début de leurs études en zoologie.
En un demi-siècle, l’Aquarium-Muséum a connu des hauts
(extension de la surface, fréquentation en hausse) et des bas,
notamment entre 1983 et 1990. « A cette époque, la ville de
Liège, en proie à une grave crise fnancière, décide de rompre
la convention – un subside annuel – qui la lie à l’institution.
La fermeture de l’Aquarium-Muséum (que l’Alma mater conti-
nuait de soutenir) est envisagée. » Ramdam, pétition de sou-
tien, négociations. Une solution est fnalement dégagée pour
éviter le pire : créer une ASBL “Apam-Lg” (Association pour
la promotion de l’Aquarium Marcel Dubuisson et du Musée
de zoologie de Liège), qui assurera la gestion, la promotion et
le développement des collections universitaires. Le système
perdure depuis lors. 23 personnes sont aujourd’hui engagées
par la structure et mobilisées entre le sous-sol (l’Aquarium)
et le deuxième étage (le Muséum) de l’Institut de zoologie.
La vie, un étage sous terre
Dans les sous-bassements de l’Institut, des “fenêtres” donnent
sur des univers aquatiques dont la diversité (au moins 250 es-
pèces animales) se contemple à chaque pas. Des spécimens
tout à fait particuliers s’y trouvent : un poisson-pierre, dont
l’inertie, presque agaçante, est telle qu’il se confond avec son
décor mais dont le poison est mortel pour l’homme ; des tétras
aveugles, des poissons des cavernes, sans yeux ni pigmenta-
tion ; des crevettes nettoyeuses, qui n’hésitent pas à squatter
la bouche des grands poissons pour éliminer les parasites
qui y séjournent ; ou encore des mormyres, ces poissons qui
délivrent des décharges électriques. Et bien d’autres encore…
Chaque animal évolue dans un biotope entièrement reconstitué :
Une équipe spécialisée de biologistes et de techniciens reproduit
artifciellement les différents milieux d’origine des animaux (décor,
végétation, alternance de l’éclairage, type d’éclairage, température
de l’eau, agitation de l’eau) et veille à la maintenance du système
vital pour les animaux. Pompes, systèmes de fltration, canalisa-
tions composent les coulisses qui occupent un espace trois fois
plus grand que celui réservé au public.
Certaines espèces ont plus la cote que d’autres. « Les animaux
qui ont la réputation d’être agressifs, voire dangereux sont
ceux qui plaisent le plus aux visiteurs, avance, réaliste, Chris-
tian Michel. Les piranhas, les murènes et, bien sûr, le requin
sont les principales attractions de l’Aquarium. » Et quand, dans
la salle aux requins et récifs coralliens, la “superstar” tourne
au-dessus de nos yeux, impossible de ne pas repenser aux
Dents de la mer de Spielberg et à la musique de John Williams.
On y apprend pourtant que la réputation qui colle aux écailles
(placoïdes) du requin est imméritée (« Ce sont des prédateurs
indispensables mais l’homme n’est pas leur proie favorite ! »).
Quelques mètres plus loin, dans la salle centrale, une autre
vedette du grand écran se dandine : Nemo, le poisson-clown.
Trouver le bon équilibre entre la demande du grand public
« qui fait appel à un bagage culturel nourri par les médias »
et l’approche scientifque, complexe, de l’institution relève
du quotidien. « Une tâche ardue, tant les idées reçues ont
la vie dure… A titre d’exemple, pour assurer le pendant des
collections de coraux ramenées lors de l’expédition de l’Uni-
versité en Australie, en 1967, nous présentons un bassin de
coraux vivants. Paradoxalement, cet aquarium qui demande
un effort technologique très important n’attire pas les foules.
Il y a des modes ; on essaie de les suivre, de les rencontrer,
mais parfois aussi de les créer », explique Christian Michel.
L’Aquarium-Muséum de l’université de Liège fête son 50
e
anniversaire