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LIÈGE
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Printemps 2012
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Le PORTRA I T D ’ UN ALUMN I
Sophie Stassen
ture au monde, à la découverte, à la nouveauté vient de là. »
Après sa rhéto, les bonheurs de Sophie se poursuivent outre-
Atlantique où, comme étudiante d’échange du Rotary, elle
étudie dans une école de l’Arizona avant de prendre quelques
cours à la Southwestern University au Texas. Elle revient des
USA convaincue qu’elle trouverait une meilleure qualité aca-
démique en Belgique. Et aussi que c’est un cadeau, dans
notre pays, de pouvoir accéder à des études de qualité « pour
presque rien en comparaison du coût d’une année d’études
aux Etats-Unis ».
Des études, oui, mais lesquelles ? L’examen d’entrée aux ingé-
nieurs étant déjà passé, elle choisit la chimie « par élimina-
tion », mais aussi dans l’espoir de bénéfcier ultérieurement
d’une passerelle vers les sciences appliquées. Elle ne fera rien
de ce projet et se délectera, au contraire, des cours de chimie
théorique du Pr Jean-Claude Lorquet. « Etudier était pour moi
une gourmandise intellectuelle. » Elle se souvient aussi du
« bon esprit » régnant dans la faculté des Sciences, marqué
par « beaucoup d’entraide entre les étudiants ».
Licenciée en chimie en 1991, Sophie Stassen embrasse alors
la carrière de chercheuse. Avec une bourse de l’Irsia, elle en-
tame une thèse de doctorat au Centre d’étude et de recherche
sur les macromolécules (Cerm), dirigé par le Pr Robert Jérôme.
L’année suivante, le FNRS lui octroie le mandat d’aspirante
qu’elle convoitait ; elle change de sujet de thèse et rejoint
l’équipe du Pr André Rulmont où elle travaille alors sur la syn-
thèse de céramiques supraconductrices. Sa thèse défendue en
1995, elle est assistante quelque temps encore lorsqu’elle est
approchée par un “chasseur de têtes”. Elle franchit le pas vers
le monde industriel et rejoint Dow Corning en 1997, où elle
retrouvera d’autres condisciples de sa promotion.
Engagée d’abord comme project leader pour le développement
de granulés anti-mousses – une technologie aujourd’hui utili-
sée par les géants mondiaux de la détergence –, Sophie Stas-
sen multiplie les projets (les produits capillaires, les textiles, le
solaire, etc.) au sein d’une entreprise innovante qui doit aussi
veiller, comme les autres, à trouver de nouveaux débouchés
commerciaux.
« Je pense que c’est plus facile pour un scientifque, avec une
formation solide, d’intégrer la dimension business et la ges-
tion de projet de son activité. La démarche intellectuelle reste
la même. » La marque d’une démarche entrepreneuriale que
Sophie Stassen mettra peut-être en œuvre pour elle-même,
elle qui ne dédaignerait pas proposer des cours de cuisine ou
se lancer dans les projets de rénovation immobilière…
Didier Moreau
Les bonheurs de Sophie
S
ophie Stassen vient d’une terre d’entrepreneurs (le
plateau de Herve, comme en atteste son nom, célèbre
dans la région) et cela se voit… Elle n’a pourtant pas
(encore ?) créé son entreprise et, docteur en chimie, aurait pu
poursuivre la carrière académique qui s’offrait probablement à
elle. Les silicones en ont décidé autrement… Depuis 15 ans
chez Dow Corning, un leader mondial de production de sili-
cones, elle a profté des multiples applications des différentes
familles du produit-miracle (« Le silicone est partout, on ne
peut faire sans ») pour épouser une carrière professionnelle
élastique, réalisant un grand écart entre le développement de
granulés anti-mousses pour les liquides de lavage à la concep-
tion d’un nouveau système de collage de rails sur le dos des
panneaux photovoltaïques (ce qui l’occupe actuellement) !
« Je suis constamment attirée vers les secteurs porteurs »,
avoue Sophie Stassen, qui semble dévorer chaque nouveau
déf avec une égale gourmandise, celle d’une femme curieuse
de tout, avide de déguster de nouvelles nourritures, intellec-
tuelles ou culinaires. « Je suis très exigeante avec moi-même,
j’aime reculer les limites… et profter de tous les plaisirs de la
vie. » Elle n’est pas architecte, mais c’est elle qui conçoit les
plans de sa demeure dans les moindres détails. Et dans celle-
ci, sa table est renommée. « J’adore cuisiner, je crois d’ailleurs
que l’on ne peut pas être un bon chimiste sans aimer cuisiner.
Et inversement… » Sans surprise, elle avoue avoir des atomes
crochus avec la cuisine moléculaire. Et pour catalyser les réac-
tions, elle rêve d’une nouvelle cuisine de style moderniste.
Un voyage en voilier d’un an et demi autour du monde, réalisé
à l’âge de 7 ans avec toute sa famille, a façonné durablement
cette personnalité curieuse et audacieuse, déjà marquée par la
fgure paternelle, « un modèle de volonté et d’énergie ». « J’ai
été exposée très jeune à des choses inhabituelles. Mon ouver-