Page 36 - LiègeU9

This is a SEO version of LiègeU9. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »
34
l
LIÈGE
U
l
Automne 2011
>
Le PORTRA I T D ’ UN ALUMN I
Olivier Bonfond
dans les écoles secondaires, sous la bannière de l’asso-
ciation, pour y parler des rapports Nord-Sud et de la dette,
ce « mécanisme de domination politique et de transfert de
richesses ». Il confe : « L’exposition des déséquilibres mon-
diaux pousse, la jeunesse en particulier, à dresser un constat
d’impuissance. Or, le renoncement est une composante de
la pensée dominante. Le capitalisme, lui, n’est pas une fa-
talité. Prendre conscience de l’injustice et décider de lutter
contre elle, c’est donner du sens à notre passage sur Terre. »
Depuis plusieurs années, Olivier Bonfond, qui se réclame de
la « vraie gauche », tente de donner à son credo altermon-
dialiste un prolongement politique : militant de la Ligue com-
muniste révolutionnaire, une organisation « marxiste-révolu-
tionnaire », il se porte candidat aux élections européennes
de 2009 et aux législatives de 2010 sous la bannière du
Front des gauches – une coalition de six partis de la gauche
radicale belge – pour « s’opposer au système patriarcal et
capitaliste qui nous opprime et nous exploite, et servir un
projet émancipateur pour l’humanité ». Pour ce tennisman
chevronné, la balle est sans cesse dans notre camp, et le
match – contre un adversaire tenace – toujours à jouer.
Patrick Camal
L’autre alumnus
P
ar plaisir de l’euphémisme, on pourrait dire qu’Olivier
Bonfond est un produit peu conventionnel de notre Uni-
versité, laquelle est en partie responsable de la “conver-
sion” à un altermondialisme engagé de ce trentenaire à la
coupe un peu californienne qui arbore à l’interview un t-shirt
à l’effgie d’une « Liège en résistance ». Longtemps avant de
quitter l’ULg, à la fn des années 1990, bardé d’une licence
en sciences économiques qui venait couronner la défense
d’un mémoire – contesté – sur l’économie palestinienne,
Olivier Bonfond s’offusquait déjà d’un « manque d’analyse
critique du modèle économique dominant » dans le chef des
académiques de l’époque. Un modèle néolibéral, hérité des
Chicago Boys, dont il estime qu’il repose sur des hypothèses
fausses et qui ne marche pas. A l’époque, Olivier Bonfond
savoure au moins quelques leçons d’économie marxiste,
qui lui font l’effet d’un « véritable bol d’air frais ». Pour cet
amateur de haute montagne, originaire de Lorcé en Ardenne,
le ton est donné : son cheminement sera désormais guidé
par un « esprit révolutionnaire ». Un esprit qui, aujourd’hui,
s’enthousiasme autant du mouvement des “indignés” que
des récentes révolutions arabes. Ce sont, des « luttes et mo-
bilisations populaires » qui, rappelle-t-il, ont de tous temps
été à la source des « conquêtes sociales de l’humanité ».
Un militant altermondialiste “radical”
Agrégé, Olivier Bonfond émigre à Lubumbashi (RDC), où il
enseigne un temps l’économie à de jeunes étudiants. Ce
séjour, qui durera trois ans au cœur d’une Afrique alors
perçue comme un continent damné, lui offrira, raconte-
t-il, l’occasion de comprendre qui il veut devenir. Surtout,
c’est en ces temps de dépaysement et de bouillonnement
qu’il rencontre Eric Toussaint : l’actuel président du Comité
pour l’annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM) et
auteur de 50 questions, 50 réponses sur la dette, le FMI
et la Banque mondiale, devient alors une référence. Et le
réseau CADTM, son nouveau havre. « Il ne s’agit pas d’un
think tank, qui produit des études à destination des élites.
Le Comité fait offce de réseau international alliant mobili-
sation et expertise, au service des mouvements sociaux,
à l’heure où l’on nous fait croire que le monde n’est déco-
dable que par une poignée d’experts. » Il insiste également
sur l’importance d’avoir des organisations radicales, dans
le sens étymologique du terme, à savoir qui s’attaquent aux
causes profondes de la précarité et de l’exclusion sociale.
De Lubumbashi à la “vraie gauche”
En 2003, Olivier Bonfond établit, avec une poignée d’univer-
sitaires et militants congolais, une antenne du Comité d’an-
nulation de la dette à Lubumbashi, avant de poursuivre sa
« lutte » en Belgique, notamment en circulant bénévolement