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LIÈGE
U
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Printemps 2013
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Un JOUR A L’ ULg
7 septembre 1960
sonnelles... Elle est nettoyée une première fois en 1970, puis
encore en 1993. En 1997, avec le soutien de Glaverbel, une
barrière vitrée est apposée au pied du mur, empêchant désor-
mais l’accès au support mais préservant la vue sur la peinture.
« Certaines personnes viennent encore à l’Institut pour admi-
rer l’œuvre mais c’est plutôt rare, admet Christian Michel,
directeur de l’Aquarium-Muséum de Liège, qui compte
cependant bien la mettre plus encore en évidence dans la
promotion du musée. Il est vrai que La Genèse suscite en-
core des interrogations. Fin 2012, l’équipe d’archéométrie
de David Strivay de l’ULg a passé la peinture sous la loupe
de la spectrométrie de fluorescence X pour déceler les dif-
férents pigments utilisés et mettre ainsi au jour les repen-
tirs de l’artiste dans l’exécution de l’œuvre. D’autres tech-
niques d’archéométrie, par exemple la spectroscopie Raman,
seront utilisées prochainement pour compléter le travail de
fin d’études d’une étudiante de la section conservation et
restauration d’œuvres d’art de l’Institut Saint-Luc de Liège.
Avec l’Aquarium-Muséum, la Maison de la science mais aus-
si les activités du Printemps des sciences et les expositions
temporaires de l’Embarcadère du savoir, les occasions d’aller
et de revenir à l’Institut de zoologie de Liège ne manquent pas.
Lors de votre prochaine visite, arrêtez-vous quelques minutes
et laissez-vous emporter par le paysage onirique de Delvaux.
Didier Moreau
Voir aussi le site Culture de l’ULg
http://culture.ulg.ac.be/jcms/c_39437/
delvaux-lorigine-du-monde
C
e doit être une des peintures les plus vues, ou plutôt
entraperçues, de Belgique. Logée en plein axe cen-
tral de l’Institut de zoologie de Liège, elle est visible
déjà de l’extérieur depuis le haut des marches menant des
quais de Meuse à l’auguste bâtiment, celui qui accueille
les visiteurs du plus grand amphithéâtre de l’université de
Liège. Combien sont-ils à jeter un regard – distrait sans
doute – à La Genèse ? Combien savent-ils parmi les plus
de 100 000 visiteurs annuels de l’Institut à savoir que s’offre
ainsi à eux une œuvre majeure de Paul Delvaux, l’une de
ses rares peintures murales (les deux autres, antérieures,
se trouvant au Kursaal d’Ostende et au Palais des congrès
de Bruxelles) ? Une œuvre inestimable, au sens propre, un
véritable fleuron des Collections artistiques de l’ULg. Une
œuvre monumentale aussi, une huile de 6,6 m sur 12 m,
qui s’inspire du mythe de la création du monde, commen-
cée en 1956 et signée par l’artiste le 7 septembre 1960.
« “La Genèse” est une œuvre très particulière, centrale
dans l’œuvre de Delvaux, explique Jean Housen, conser-
vateur au Musée en plein air du Sart-Tilman et collabora-
teur à Art&fact. Ce paysage étrange, un peu atypique dans
l’œuvre du peintre, pourrait en être l’une des clés, ou du
moins une des strates initiales. Profondément enfoui au cœur
de la lente remontée du temps que le peintre effectue, de
tableaux en tableaux, le paysage de la création du monde
s’inscrit de manière singulière dans la galerie d’images de
Paul Delvaux. » L’historien de l’art précise sa pensée : « “La
Genèse” est au bout du voyage : aux confins de l’Océan pri-
mordial, dans l’amnios du monde, paysage des premiers ma-
tins, buffles, élans, boucs et rhinocéros, reflet de la Lune dans
l’eau matricielle, vestales impubères ou androgynes, souffle
lointain des volcans... Nous sommes arrivés à l’horizon du
Temps, là où se met en mouvement la genèse du vivant, là
où, rythmé par la métamorphose des roches et des plantes,
le monde est femme et porte en lui l’infinité des possibles. »
La rencontre d’un artiste et d’un scientifique
Pourquoi le célèbre peintre a-t-il été amené à poursuivre
son œuvre dans ce lieu singulier ? Le rôle du Pr Marcel
Dubuisson, devenu Recteur en 1953, est central. Féru d’art,
c’est lui qui a pris contact avec l’artiste. En effet, le zoolo-
giste nourrissait de grands desseins pour le développement
de l’Institut dont il était aussi le directeur. Il dirigea la ré-
novation du bâtiment endommagé après la guerre et com-
mandera deux œuvres : le vitrail de Lismonde, en 1959, et
la peinture murale de Paul Delvaux (1960), face au vitrail.
Si l’œuvre de Paul Delvaux est à redécouvrir, elle n’est néan-
moins pas tombée dans l’oubli. Certes, elle a subi diverses dé-
gradations, le public et les étudiants n’hésitant pas à prendre
l’œuvre comme support de leurs “annotations” toutes per-
La Genèse
selon Paul Delvaux
La Genèse n’a pas fini de livrer tous ses secrets,
que tente de percer l’équipe du centre d’archéométrie
de l’ULg. Décembre 2012.