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Hiver 2012 - 2013
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Liège U : Quel souvenir gardez-vous du Val-Benoît ?
Robert Charlier : C’était un campus agréable. Bien situé, facile
d’accès, spacieux, avec de beaux bâtiments où se mêlaient in-
timement bureaux, salles de cours et laboratoires. Nous avions
un certain confort, au début du moins. Nous étions chez nous.
Personnellement, j’y ai vécu mes trois années de technique.
J’étais proche de mes condisciples. Il y avait une cafétéria, La
Mâson qui était un lieu très vivant. Mon diplôme en poche, j’y
suis encore resté une vingtaine d’années. Finalement, j’aurai
passé beaucoup plus de temps auVal-Benoît qu’au Sart-Tilman.
Liège U : Que peut-on dire de l’architecture particulière du site ?
R.C. : Les bâtiments étaient infuencés par les grandes
tendances architecturales de l’époque. L’Institut de chimie
s’inspirait de l’architecture hollandaise de Berlage. Celui de
génie civil de l’esprit Bauhaus et la centrale thermique plutôt
dans celui de Le Corbusier. J’ai passé une bonne partie de ma
carrière dans l’Institut de la construction, qui était un superbe
bâtiment, bien conçu, agréable à vivre. De manière générale,
c’étaient de très beaux bâtiments, avec beaucoup d’espace
et de lumière, de hauts plafonds, des cages d’escalier
majestueuses, de grands couloirs. Le problème, c’est qu’ils
n’ont pas été entretenus pendant très longtemps. L’étanchéité,
le confort thermique n’étaient pas bons. Il pleuvait à l’intérieur
de mon bureau…
LiègeU : Comment vous sentez-vous à présent au Sart-Tilman ?
R.C. : Nous sommes installés dans des locaux plus petits
certes, mais plus confortables et mieux chauffés. Le B52 est
un bâtiment agréable. Les conditions sont nettement meil-
leures pour nos laboratoires. Le fait d’avoir regroupé la ma-
jeure partie de nos activités dans une zone du Sart-Tilman
était une bonne chose. Le transfert a été positif pour nous. Ce
qui l’est moins, c’est que nous manquons de salles de cours
et d’amphithéâtres. Nos étudiants des 1
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et 2
e
bacheliers sont
dispersés sur le campus et c’est d’autant plus gênant que
nous privilégions la pédagogie par projet et le travail colla-
boratif entre étudiants. Il faut une unité de lieu raisonnable,
tant pour les enseignants que pour les étudiants. Il existe des
projets de nouvelles infrastructures et nous espérons qu’ils se
concrétiseront à court terme.
Liège U : Un mot pour terminer sur les chiffres de la ren-
trée. Les études d’ingénieur ont-elles un peu plus la cote ?
R.C. : Nous avons eu une légère progression du nombre
d’inscriptions par rapport à l’année dernière. C’est un si-
gnal positif, mais ça reste insuffsant. Nous avons besoin
de beaucoup plus d’étudiants pour répondre à l’énorme
demande du marché. Nous devons continuer de rendre
les études d’ingénieur plus attractives. Ce sont certes des
études exigeantes, mais le taux de réussite est l’un des
plus élevés à l’ULg, tant à l’examen d’admission qu’en fn
de cursus. Une partie signifcative de nos étudiants dé-
crochent un emploi avant même d’avoir obtenu leur diplôme.
Liège U : Comment expliquez-vous cette désaffection?
R.C. : Je pense que les jeunes méconnaissent le métier
d’ingénieur. Celui-ci n’apparaît pas dans l’enseignement se-
condaire ; or c’est au milieu du secondaire que l’on choisit
les maths fortes, base indispensable pour devenir ingénieur.
Un élève qui a six heures de maths par semaine en fn de
secondaire est armé pour réussir sans trop de problème nos
études. Les jeunes ne savent pas assez que l’ingénieur est
celui qui maîtrise toutes les techniques que nous utilisons
aujourd’hui. C’est lui qui fait voler les avions, qui construit
de grands ponts comme le viaduc de Millau, qui conçoit
des voitures hybrides, qui rend les processus industriels
moins polluants pour la sauvegarde de l’environnement...
Ce sont des études extraordinaires et il faut le faire savoir.
Doyen de la faculté des Sciences appliquées, le Pr Robert
Charlier a passé la plus grande partie de sa carrière
universitaire au Val-Benoît. Il évoque ce site emblématique
pour les ingénieurs liégeois et le déménagement vers le
Sart-Tilman.
Le projet prévoit une cohabitation d’activités diverses