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LIÈGE
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Hiver 2012 - 2013
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Au F I L DES PAGES
Traitement automatique
Un robot de traite mobile à la sation expérimentale
A
l’image des moutons qui parsè-
ment les prairies anglaises, les
vaches de nos contrées font partie
des images d’Epinal de notre inconscient
collectif. A la campagne, les vaches sont
toujours en pâture, pas de doute là-des-
sus. Et pourtant.
Dehors, les affables bovins le sont de
moins en moins. A l’instar des poulets
élevés en batterie, ils passent désormais
la majeure partie de leur vie à l’abri du
soleil. Subtil décalage avec le packaging
des briques de lait que l’on trouve au su-
permarché, fanquées de paysages ver-
doyants qui sentent bon la nature mais
qui, en défnitive, ne représentent qu’une
partie seulement de la production.
Abandon du pâturage
« Ce mouvement de sédentarisation
est particulièrement sensible chez nos
voisins européens. Au Danemark, en
Suède, aux Pays-Bas, les vaches ne
sortent presque plus des étables. La
situation en Belgique évolue vers ce
type d’élevage, même si elle n’est pas
encore comparable à ces pays où l’ani-
mal ne sort plus que six heures par jour
pendant trois mois. Notre moyenne
nationale tourne encore autour des 22
heures par jour pendant six mois. »
Isabelle Dufrasne, agrégée de Faculté
chercheuse au service de nutrition de la
faculté de Médecine vétérinaire, pointe
les diffcultés de gestion et l’agrandisse-
ment des troupeaux comme raisons de
l’abandon progressif du pâturage. Mais
le “responsable” est aussi le robot de
traite, de plus en plus employé au sein
de l’Union européenne. Installé dans
l’étable, il peut, selon le modèle, traire
jusqu’à 70 vaches plusieurs fois par jour,
et ce de manière totalement autonome.
Contrairement aux machines à traire
classiques, l’intervention humaine a dis-
paru, l’animal se rendant de lui-même
auprès de l’enclos pour se laisser traire.
« Et comme ces robots sont des instal-
lations lourdes et encombrantes, elles
sont installées au sein de l’étable, près
du troupeau qui ne sort plus. »
Aux abords de Colonster, la station
expérimentale de l’ULg abrite une qua-
rantaine de vaches. Depuis 2010, un
système mobile qui permet à ces dames
d’être traites directement à l’extérieur
y a été mis au point. Le vaste domaine
aux alentours se révèle un terrain d’ex-
périmentation idéal pour cette structure
qu’il a fallu construire de toutes pièces.
Le projet, baptisé “Autograssmilk”, doit
permettre d’évaluer les apports positifs
d’un retour aux prairies combiné à un
système de traite robotisé. « Non seule-
ment en termes de qualité du lait et de
rendement, mais également en termes
de bien-être animal », poursuit Isabelle
Dufrasne. Ces recherches seront effec-
tuées au bénéfce des PME représentant
des éleveurs belges, néerlandais, sué-
dois, irlandais, danois et français.
Un suivi particulier
Qu’il soit mobile ou sédentaire, le sys-
tème peut accroître le rendement de
l’ordre de 10 à 15% par rapport à une
machine classique. Concrètement, la
vache est attirée vers la machine par un
complément alimentaire qu’elle reçoit
automatiquement lors de chaque pas-
sage.Tandis qu’elle mange paisiblement,
le robot s’occupe de la traite et stocke le
lait dans une cuve de 5000 litres. Au gré
de leurs envies, les vaches se succèdent
ainsi à l’intérieur de la machine. Et pas
question pour une gourmande de passer
trop souvent pour obtenir sa friandise !
Equipé d’un collier électronique, l’animal
est repéré par le robot qui l’éjecte auto-
matiquement après de trop nombreuses
tentatives. En outre, la machine s’adapte
à la disposition de chacun des trayons
afn de se positionner parfaitement sous
le pis. « Grâce au collier, l’ordinateur
nous fournit toute une série de données
capitales sur le comportement alimen-
taire du troupeau et sur chaque vache
en particulier. Le système offre donc un
suivi précis de chacune des bêtes, nous
informe sur son poids, sur sa production
et nous permet d’adapter assez fne-
ment nos stratégies d’alimentation ou
de repérer très vite une maladie ou un
problème éventuel. »
En phase expérimentale pour la troisième
année consécutive, le projet suscite la
curiosité de nombreux producteurs na-
tionaux et étrangers et permettra d’éta-
blir, outre des protocoles détaillés pour
l’alimentation ou des outils d’aide à la
décision en ligne, la pertinence écono-
mique d’un tel système. Et apporter, qui
sait ?, un argument supplémentaire aux
producteurs de lait toujours en proie à
de lourdes diffcultés fnancières.
François Colmant