34
l
LIÈGE
U
l
Automne 2012
>
Le PORTRA I T D ’ UN ALUMN I
Eric Vincent
on voit le nombre des publications scientifques se multi-
plier… Raison pour laquelle c’est un réel avantage pour
nous d’être en contact étroit avec le service facultaire de
neuropsychologie, d’accueillir des stagiaires, d’être asso-
ciés aux mémoires, etc. » C’est aussi l’occasion de revenir
sur une discipline encore méconnue du grand public – « on
nous confond souvent avec des neuropsychiatres » – et du
monde médical. Certains patients peu informés nous sont
adressés trop tardivement, notamment pour bénéfcier de
l’intervention de l’Inami lors de la revalidation. « Pourtant,
on connaît de mieux en mieux les dysfonctionnements de la
mémoire et de l’attention, lesquels constituent pour le patient
un véritable handicap “invisible”, et les techniques pour y
remédier. Ce sont aussi des troubles qui changent la dyna-
mique familiale, l’image de soi, le parcours de vie scolaire ou
professionnelle. De là aussi l’importance de notre interven-
tion dès l’évaluation des troubles et durant la revalidation. »
En complément aux techniques de revalidation neurocogni-
tive, certains exercices utilisant du matériel ludique comme
un jeu de cartes peuvent être utilisés dans la rééducation de
fonctions telles que la mémoire de travail, la fexibilité ou la
vitesse de réaction, « mais toujours avec l’encadrement du
thérapeute, car la manière de les utiliser est également très
importante. Le cerveau ne se travaille pas comme unmuscle ».
Mais le jeu fait aussi partie du quotidien d’Eric Vincent. Par
passion et pour le plaisir. En famille ou entre amis. Sa pré-
dilection va vers les jeux de plateau pour adultes ou ado-
lescents. « Il y a une telle inventivité chez les créateurs de
jeux que je ne comprends pas pourquoi on en revient toujours
au Scrabble ou au Monopoly ! » Eric Vincent apprécie tout
particulièrement la découverte des mécanismes originaux
d’un nouveau jeu. Il partage ses découvertes à la ludothèque
d’Oupeye. Quelques conseils de jeux ? « Les aventuriers du
rail, Dixit ou L’âge de pierre. » A vos jeux !
Didier Moreau
Retrouver ses facultés
P
our Eric Vincent, le jeu est un hobby qui peut avoir des
répercussions dans son activité professionnelle. Béné-
vole dans une ludothèque, il utilise également certains
jeux dans sa pratique de neuropsychologue au sein de l’unité
de revalidation neuropsychologique (URN) du CHU de Liège.
« Certains exercices ludiques peuvent en effet être inté-
grés parmi les techniques qui me permettent de prendre en
charge la revalidation de patients atteints de troubles cogni-
tifs (ndlr : fonctions mnésiques, attentionnelles, gnosiques,
praxiques et exécutives) à la suite d’un traumatisme crânien
ou d’un accident vasculaire cérébral (AVC) », fait-il remarquer
A la sortie des humanités, Eric Vincent a un temps envi-
sagé d’être instituteur, « d’exercer une profession en lien
avec l’enfant ». Mais c’est fnalement vers la logopédie qu’il
s’oriente à l’université de Liège en 1983. Au cours de ses
études, il se découvre une passion pour la neuropsycholo-
gie de l’adulte, une discipline encore naissante que Mar-
tial Van Der Linden contribue à développer à Liège. « C’est
en suivant ses cours que j’ai compris que c’était cela que
je voulais faire. » Eric Vincent termine son mémoire de fn
d’études en logopédie en même temps que son service
civil (il est objecteur de conscience) dans l’URN du CHU de
Liège. « Cela m’a permis d’être sur le terrain, de participer
au suivi des patients et d’élargir ma formation clinique. »
Diplôme en poche, c’est à l’hôpital Erasme à Bruxelles qu’il
décroche en 1990 son premier emploi : une place de logopède
au sein du service de revalidation neurologique. Il y retrouve
un autre Liégeois, le neuropsychologue Thierry Meulemans
(actuel Doyen de la faculté de Psychologie et des Sciences
de l’éducation de l’ULg), avec qui il se lie d’amitié et effec-
tue quotidiennement le trajet vers la capitale. « Après trois
ans, ma patience fut récompensée… », explique Eric Vincent,
qui peut réaliser, comme il le dit, son « retour à Liège ». Le
Pr Martial Van Der Linden, qui a créé l’unité de neuropsycho-
logie au sein de la faculté de Psychologie et des Sciences de
l’éducation, “rapatrie” Thierry Meulemans comme assistant
et Eric Vincent est engagé dans l’URN du CHU. « C’est aussi
à ce moment que j’ai décidé, tout en travaillant, de reprendre
des études en psychologie à l’ULg. J’avais acquis beaucoup
d’expérience professionnelle, mais je sentais aussi que
j’avais besoin d’un bagage théorique supplémentaire pour
exercer et évoluer dans un service de neuropsychologie. »
Depuis 1995, Eric Vincent est ainsi neuropsychologue dans
une équipe comptant actuellement sept neuropsychologues,
trois logopèdes et un psychologue au sein de laquelle il s’oc-
cupe spécifquement de l’évaluation et de la prise en charge
des défcits cognitifs de patients adultes cérébrolésés.
« La neuropsychologie est une branche de la psychologie qui
se développe fortement depuis quelques années, explique-
t-il. Cela peut être anxiogène d’une certaine façon quand