Page 20 - Liege U 13

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LIÈGE
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Automne 2012
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Le s
Equ i pemen t s REMARQUABLES
spécimens par an. Il y a aussi des projets de recherche en
biodiversité. Enfn, les échanges ponctuels avec d’autres ins-
titutions ou musées étrangers constituent un apport remar-
quable dans la diversité des spécimens de la collection. »
Fierté du conservatoire
Sur deux millions de spécimens, l’unité d’entomologie fonc-
tionnelle et évolutive compte plus de 1000 types d’insectes
originaux : sa ferté ! « Les types sont des indicateurs de ré-
férence. Lorsqu’on découvre un insecte encore inconnu, on
lui donne un nom, puis on décrit et on identife une nouvelle
espèce en fonction des différents critères de ce nouveau type.
Certains chercheurs étrangers se déplacent pour l’étudier ici.
Le fait qu’il soit original le rend scientifquement inestimable. »
Et pour prendre soin de ce trésor, tout le personnel de l’unité
d’entomologie de Gembloux Agro-Bio Tech est sollicité. « Nous
visitons régulièrement le Conservatoire pour voir si tout se passe
bien et pour faire un roulement avec les congélateurs. » Car si les
insecticides sont formellement interdits dans cet espace, c’est
le froid qui est chargé de tuer les parasites qui pourraient nuire
aux collections. Au fond de la salle, trois congélateurs remplis
de boîtes de collection sont utilisés pour éliminer les insectes
qui se nourrissent de leurs semblables séchés. « Dès qu’une
collection arrive, elle passe une semaine dans le congélateur, et
elle y retourne à intervalles réguliers », précise Frédéric Francis
Selon les scientifques, il est primordial de conserver ces collec-
tionscar elles répondent àdesquestionscritiques.« Par exemple,
si une nouvelle pathologie est répertoriée en Belgique, il faut
comprendre comment elle se transmet. Nous devons vérifer si
les insectes connus pour répandre cette maladie existent dans
notre pays, s’il existe un nouveau spécimen ou s’il s’agit d’une
espèce connue qui évolue. Etudier la famille potentiellement
vectrice nous apporte des informations et permet de répondre
rapidement à des questions fonctionnelles. » Le rôle du Conser-
vatoire est aussi de préserver les espèces en voie de disparition.
Nuisibles, les insectes ?
Par le biais de la communication et de la vulgarisation, les
experts contredisent certaines croyances. « Beaucoup de gens
pensent que les insectes sont nuisibles. Mais c’est faux et nous
essayons de sensibiliser le grand public à cette thématique à
travers la création d’expositions temporaires. » Certaines boîtes
sont ressorties pour l’occasion. « C’est un des rares moments
où nos collections sont visibles. » Et les responsables comptent
bien poursuivre dans cette voie.
Aude Giovanelli
Informations sur les pages
www.gembloux.ulg.ac.be/2012/06/07/le-conservatoire-en-
tomologique-de-gembloux-un-lieu-unique-en-wallonie/
ou
http://urls.fr/gxentomo
Boîte à insectes
Le Conservatoire entomologique wallon est à Gembloux
L
’endroit est insoupçonné. Au deuxième étage de l’unité
d’entomologie de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg), dans
un grenier dissimulé par une porte hermétique fermée
à clé, se cache la plus grande compilation d’insectes natu-
ralisés de Wallonie. C’est Jean Leclercq qui, lorsqu’il devint
professeur à Gembloux dans les années 1950, décida de
regrouper les collections existantes et créa ce conservatoire
entomologique. Plus de deux millions de spécimens y sont
rangés dans des boîtes vitrées, empilées comme dans une
bibliothèque, récoltées au fl des années durant lesquelles étu-
diants et amateurs ont fait don de leurs travaux. Avant cela, ils
les léguaient au Musée des sciences naturelles de Bruxelles.
Ces amateurs, amoureux des papillons bien souvent, passent
plusieurs années à rassembler les insectes. Un travail qu’ils
cèdent de leur vivant, ou après leur décès, au conservatoire de
Gembloux, une institution réputée pour respecter l’intégrité de
leurs recherches. « Si, dans les musées traditionnels, la col-
lection est divisée et les boîtes démontées pour les reclasser
autrement, notre institution la conserve de façon intègre. Nous
attribuons, par exemple, le nom du donateur à sa collection.
C’est symbolique. Il reste quelque chose de l’œuvre, elle est
mise à l’honneur au titre de patrimoine entomologique wallon »,
explique Frédéric Francis, professeur à Gembloux Agro-Bio Tech
et responsable de l’unité, tandis qu’il déambule dans les allées.
Bien qu’il existe un marché dans ce domaine, les chercheurs
universitaires ne considèrent pas ces collections privées
comme une valeur marchande. « Ceux qui payent cherchent
de beaux insectes. Mais pour nous, leur valeur est scientifque.
Nous proposons donc de les conserver. C’est un échange de
bons procédés. » Le Conservatoire regorge encore d’insectes
récoltés au cours des activités de recherches universitaires.
« Les étudiants doivent confectionner des collections, explique
Frédéric Francis. Quand ils partent en Erasmus, ils ramènent
leur travail. Leur contribution actuelle est évaluée à 30 000
Deux millions de spécimens conservés dans des boîtes vitrées