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LIÈGE
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Eté 2012
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Le PORTRA I T D ’ UN ALUMN I
Eddy Timmermans
bruxelloise qu’il n’abandonnera plus. C’était en 2001 et
ce n’était d’ailleurs pas la première fois que la trajectoire
de VSF Belgique télescopait celle du vétérinaire : en 1984,
avec une poignée d’autres jeunes vétos, il créait l’ASBL VSF
Belgique inspirée de la mouture française déjà existante.
La toute jeune structure, cependant, « mourait dans l’œuf! »
quelque temps plus tard avant de finalement ressusciter
dix ans après, relancée notamment par le Pr Pascal Leroy
de l’ULg et Madeleine Onclin (directrice pendant 15 ans).
Et de connaître un développement assez extraordinaire.
Au fil des digressions narratives, on comprend qu’Eddy
Timmermans aime partager ses expériences et son savoir
(il évoque la situation du Sud-Soudan, explique les pro-
blèmes chroniques de sécheresse qui touchent le Sahel,
etc.). Tout en modestie. Avec ses enfants, c’est notam-
ment sa connaissance de la musique – celle des années
1960 et 1970 – et de son histoire qu’il confie essayer de
transmettre par à-coup d’intraveineuse. Mélomane dans
son genre, il est l’heureux propriétaire d’une collection de
quelque 500 vinyles (soigneusement rangés par ordre alpha-
bétique), qu’il continue d’enrichir en chinant régulièrement
dans les brocantes du coin. Et qu’il écoute religieusement
les samedis et dimanches matin, seuls moments où ce
lève-tôt fait chauffer le tourne-disque du salon. La mai-
son familiale de Rixensart se réveille alors doucement aux
sons des Beach Boys, Petula Clark, Paul Simon, Donovan et
consorts. « Mon style musical, c’est Nostalgie », avoue-t-il.
De ses expatriations répétées, Eddy conserve des souvenirs.
Tous positifs. Une certaine philosophie de la vie guidée par la
spontanéité des relations sociales et l’hospitalité.Des histoires
à raconter, aussi (« Aux Comores, le prince Laurent est venu
manger à la maison »), et des anecdotes douces (après coup)
ou amères (sur le moment). Comme cette fois où, reliant Mo-
héli à Anjouan, deux îles de l’archipel des Comores, dans un
“kwassa kwassa”, une petite barque à moteur, il se retrouve
avec Madeleine Onclin pris au milieu d’une tempête devant
affronter une heure durant des vagues « hautes comme la
pièce dans laquelle on se trouve » et sans gilet de sauvetage.
Retourner en Afrique ? Eddy y songe – son épouse n’est pas
contre, ça tombe bien – mais « seulement une fois que les
enfants seront complètement indépendants ». Rien à faire,
pérégriner, c’est un peu comme le disque vinyle : quand on
y a goûté…
Michaël Oliveira Magalhaes
Le véto sans frontières
B
ruxelles. Tout en prenant
un café dans la salle de
réunion des bâtiments
de Vétérinaires sans frontières
(VSF), association qui a pris
ses quartiers à Bruxelles, Eddy
Timmermans se raconte. Il se
souvient de ses études aux fa-
cultés de Médecine vétérinaire
de Namur puis de Cureghem
(1982), sans doute expliquées
par une affinité pour le monde
animal qui l’amenait, déjà en-
fant, à quitter le grouillement
de la capitale le temps des
vacances estivales, direction
le Limbourg et la ferme d’un
cousin de la famille. Son passage par l’Institut de médecine
tropicale à Anvers, pour une spécialisation en zootechnie,
fut décisive dans la conception qu’il se fait depuis lors de
la profession de vétérinaire, « dont le rôle ne se résume pas
seulement à soigner les animaux mais peut toucher aussi
l’amélioration des conditions de vie de l’homme, et ses
moyens de subsistance ». Il parle aussi de ses premières
expériences dans la coopération internationale, au Mali
d’abord avec VSF France, puis en Guinée avec l’Organisation
des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La coopération, c’est un peu toute la vie professionnelle du
véto originaire de Bruxelles et spécialisé dans l’élevage et le
gros bétail. « C’est un partage mutuel des connaissances,
un travail en collaboration, un échange culturel », recon-
naît celui qui s’y est aventuré en 1985. N’en est plus sorti
depuis. Après le Mali et la Guinée, ce fut le Gabon avec le
bureau d’études Jules Van Lancker ; la Guinée de nou-
veau, avec ZooConsult, autre bureau d’études ; le Sénégal
enfin, avec le département des productions animales de la
Faculté universitaire de Gembloux. « Je ne me voyais pas
m’enfermer dans une fonction trop précise et définie. La
coopération m’a permis de toucher à des thématiques très
variées, très enrichissantes. » Celui qui a d’abord enchaîné
les longues missions à l’étranger en célibataire, puis famille
sous le bras, a en effet été impliqué tantôt dans des pro-
grammes de vaccination bovine, de ranching, de formation
d’éleveurs, de renforcement de capacités des acteurs locaux
et même de résolution de conflits entre éleveurs (« J’étais
d’un côté un généraliste de l’élevage en milieu tropical et de
l’autre un expert dans la coopération au développement »).
Ses pénates, Eddy Timmermans les dépose encore quatre
ans aux îles Comores avec VSF Belgique avant de ren-
trer (définitivement ?) au bercail pour occuper un poste de
coordinateur de programme, plus sédentaire, dans l’ONG